A la poursuite du haircut killer dans Prendre Lily de Marie Neuser : Nouvelles voix du polar Pocket

"Après le meurtre de Lily Hewitt, retrouvée dans sa baignoire avec les seins tranchés et deux mèches de cheveux de couleur différentes entre les doigts, l'équipe du policier Gordon enquête sur Damiano Solivo, un immigré italien voisin de la victime. Persuadé de la culpabilité de cet homme, dont l'alibi semble artificiel, Gordon collecte les indices de son implication sans rien pouvoir prouver"

   Dans le cadre des Nouvelles voix du polar, j'ai eu la chance de recevoir 6 romans aux éditions Pocket préalablement sélectionnés par un juré de libraires avec la lourde tâche de choisir celui qui, a mon sens, mérite le prix de Nouvelles voix du polar 2016. Dans le lot, trois policiers français et trois autres d'auteurs étrangers, tous plus différents les uns des auteurs. Au moment où j'écris cet article, je termine le dernier de la liste qui est très bien parti pour être mon favori en concurrence direct avec Prendre Lily de Marie Neuser.

Prendre Lily ne va certainement pas plaire à tous, c'est un récit très lent inspiré de faits réels qui prend son temps pour résoudre une énigme à priori insoluble. Comment coincer un tueur lorsque tous les indices coïncident vers une seule personne mais que celui-ci a réponse à tout afin de prouver son innocence ? Solivo, le meurtrier fortement présumé, va très vite vous exaspérer. Il est tout ce qu'il y a de plus détestable, ne s'en cache pas mais reste impossible à mettre derrière les barreaux. C'est ce qui fera toute la complexité de cette histoire, l'auteur nous livre quasiment au début le nom d'un assassin imbuvable qui donne du fil à retorde à l'équipe de Gordon McLiam et s'en sort toujours par des pirouettes improbables. 

A contrario, j'ai aimé la mélancolie de McLiam, c'est un policier sans aucune ombre à son palmarès, aucun crime irrésolu jusqu'au meurtre de Lily qui le fera basculer dans une certaine folie avec l'obsession de coincer Solivo déjà sali par plusieurs affaires et toujours en liberté. Et s'il peut paraître monotone, comme une partie du récit, je me suis prise d'affection pour ce vieux célibataire endurci avec une tonne de travers.

Cependant, il semblerait qu'il ne se passe absolument rien d'autre dans cette ville/dans la ville de "B", l'équipe de Gordon ne s'occupe que de cette affaire ou ne semble pas se préoccuper de la vie du commissariat. Elle les obsède soit, mais ça ne fait qu’accroître l'impression de lenteur de ce livre.

Si le récit est lent, les péripéties ponctuent tout de même l'histoire et garde le lecture alerte au moindre changement, au moindre mouvement du suspect tout comme le commissaire. L'enquête avance parfois d'un bond immense pour se retrouver bloquée pendant encore des mois sans réponses.

Pour tout vous avouer, je ne sais pas exactement pourquoi j'ai aimé Prendre Lily, pour cela j'ai beaucoup de mal à en parler. Je me suis prise au jeu du rythme, dévorée les pages avec avidité pour enfin en venir à bout et comprendre comment cette affaire à pu être bouclée, les seuls scénarios restant étant impossibles ou impensables. Si vous êtes adepte de thrillers plus vifs, Prendre Lily ne sera pas du tout à votre goût. J'ai retrouvé la retranscription d'une réelle enquête, avec ses longueurs, ses moments de doutes, ses faux espoirs ou parfois ses avancées inattendues.

Dites-moi si vous avez déjà lu Prendre Lily ? Et si, à votre avis, il pourrait avoir le prix des Nouvelles voix du polar ?